Cours de chimie Organique - G. Dupuis - Lycée Faidherbe de Lille

LES ALCÈNES

Généralités

Nomenclature
On appelle alcènes, les hydrocarbures insaturés non cycliques de formule CnH2n. La chaîne principale est celle qui comporte le plus grand nombre de liaisons et, le cas échéant, le plus grand nombre d'atomes de carbone. Le nom du composé dérive de celui de l'alcane en remplaçant la terminaison ane par ène. La position de la double liaison est indiquée par le numéro de l'atome de carbone doublement lié qui
possède l'indice le plus petit. La numérotation est effectuée de façon que la double liaison ait l'indice le plus faible.

1

2

3

4

Méthylpropène

But-1-ène

(Z)-But-2-ène

(E)-But-2-ène

Les composés éthyléniques constituent un ensemble plus large que les alcènes, de composés comportant une double liaison carbone-carbone. Les hydrocarbures cycliques ayant une double liaison ou cyclènes appartiennent à cette catégorie. On notera qu'une double liaison éthylénique ne constitue pas un groupe fonctionnel.

Quelques alcènes importants

Ethylène

L'éthène est l'alcène le plus important sur le plan industriel. Il est produit par craquage d'hydrocarbures.  

 

Propène

Le propène est le deuxième composé éthylénique le plus important comme produit de base de l'industrie chimique. La part la plus importante sert à la synthèse du polypropène (polypropylène). Le reste permet la préparation des composés suivants :

  • alcool isopropylique ;
  • acrylonitrile qui sert à la synthèse de fibres textiles ;
  • cumène, réactif de base de la synthèse de l'acétone ;
  • butanal par hydroformylation (procédé "oxo").

     

Cyclènes
Les cyclènes sont des hydrocarbures de formule CnH2n-2. Les cycles moyens possédant 5 ou 6 atomes de carbone possèdent une réactivité comparable à celle des alcènes. Certains cyclènes possèdent un plan de chiralité. Le trans-cyclooctène est dédoublable en deux énantiomères.

Diènes, polyènes
Les diènes sont des composés éthyléniques qui possèdent deux liaisons doubles. A côté des diènes dont les doubles liaisons sont éloignées et qui se comportent comme des éthyléniques ordinaires, on distingue :

Propriétés physiques

Structure de l'éthène
La simple connaissance de la formule brute C2H4 est en faveur d'une liaison double entre les atomes de carbone. Le tableau suivant rassemble des données expérimentales relatives à l'éthane et à l'éthène.

Liaison

Longueur (nm)

Energie (kJ.mol-1)

C-C

0,154

347

C=C

0,133

606

La liaison entre les atomes de carbone dans l'éthène est plus courte et plus énergétique que dans l'éthane. Notons que l'énergie de dissociation de cette liaison double est plus petite que le double de celle d'une liaison simple.

Géométrie et isomérie
Les atomes impliqués dans la liaison double ont une géométrie localement plane. L'existence de la double liaison chez les alcènes bloque la libre rotation des groupes qui lui sont attachés. Elle est à l'origine de la diastéréoisomérie Z, E.

Constantes physiques
Les alcènes ont des propriétés physiques assez comparables à celles des alcanes. Il est intéressant de noter la différence de propriétés entre des alcènes stéréoisomères comme l'illustre le cas des but-2-ène.

Composé

Moment dipolaire (D)

Température d'ébullition (°C)

(Z)-But-2-ène

0,4

4

(E)-But-2-ène

0

1

Orbitales moléculaires

Niveaux d'énergie
Les considérations de symétrie précédentes sont très importantes pour l'application de la théorie des orbitales moléculaires. Une simplification importante intervient pour les molécules qui comme l'éthène sont planes. La réflexion par rapport au plan de la molécule (xOy) permet de séparer les orbitales moléculaires en deux groupes :

Ces dénominations simplificatrices proviennent d'une extension de la terminologie valable en toute rigueur pour les molécules linéaires.


L'étagement des niveaux d'énergie moléculaires peut être obtenu par le calcul. 
Le diagramme complet des orbitales moléculaires de l'éthène comporte 12 niveaux. L'image de gauche représente un diagramme simplifié ne comportant que les orbitales de symétrie p et celles de symétrie s respectivement liante et anti-liante pour tous les atomes de la molécule.

  • Les deux orbitales correspondant aux niveaux dont l'énergie est négative sont liantes. Ces niveaux sont occupés chacun par deux électrons dans l'état fondamental. Celles qui correspondent à des niveaux d'énergie positive sont anti-liantes. L'ordre de liaison est deux.
  • L'écart entre les niveaux s liant et s* anti-liant est supérieur à celui existant entre les niveaux p liant et p* anti-liant.

Spectroscopie

Spectroscopie infrarouge
La vibration de valence de la double liaison absorbe vers 1650 cm-1. Les fréquences d'absorption des vibrations de déformation des liaisons C-H sont également précieuses pour identifier les structures. Quelques absorptions caractéristiques sont données ci-dessous.

Composé

s (cm-1)

890

915 & 995

970

Exemple : Spectre infrarouge du cyclohexène

Spectroscopie de RMN

Composé

Constante de couplage

1

16

Exemple : spectre RMN du 1-chloro-2-cyano-éthène

Hydrogénation

Conditions expérimentales
La réaction entre le dihydrogène H2 et un composé éthylénique est une réaction d'addition. Elle n'est réalisable qu'à une vitesse raisonnable qu'avec l'aide d'un catalyseur. D'un point de vue thermodynamique, elle est quasi-totale dans les conditions normales de température et de pression. Le rendement est de l'ordre de 90 %.
Puisqu'un catalyseur accélère aussi bien la réaction directe que la réaction inverse, la déshydrogénation d'un hydrocarbure saturé est également envisageable mais elle constitue surtout une méthode industrielle en raison de son manque de sélectivité.

Comparaison de la stabilité des alcènes
La réaction d'hydrogénation peut être mise à profit pour évaluer la différence de stabilité entre alcènes stéréoisomères.



L'hydrogénation du (Z)-but-2-ène dégage une énergie de -118,9 kJ.mol-1. Celle du (E)-but-2-ène dégage -114,6 kJ.mol-1.
On en déduit l'enthalpie de la réaction suivante :

-118,9 - (-114,6) = - 4,3 kJ.mol-1


Le stéréoisomère E est donc plus stable que le stéréoisomère Z

Cette différence de stabilité peut s'interpréter par des contraintes stériques entre les groupes méthyle qui sont plus importantes dans l'isomère Z que dans l'isomère E.

(E)-But-2-ène E

(Z)-But-2-ène Z

Stéréochimie
L'addition de H2 sur le 3,4-diméthylhex-3-ène de configuration Z fournit de façon quasi-exclusive le (3R,4S)-3,4-diméthylhexane achiral.
Le (3R,4R)-3,4-diméthylhexane et son énantiomère le (3S,4S)-3,4-diméthylhexane, tous trois diastéréoisomères du précédent ne sont pas obtenus. La réaction est donc fortement diastéréosélective. Les atomes d'hydrogène se sont fixés du même côté de la double liaison. La stéréochimie de l'addition est syn.

Dans des conditions comparables, l'addition de H2 sur le 3,4-diméthylhex-3-ène de configuration E fournit de façon quasi-exclusive le mélange racémique des énantiomères (3R,4R) et (3S,4S) du 3,4-diméthylhexane. Elle est aussi, fortement stéréosélective et la géométrie de l'addition est également syn.

Deux substrats stéréoisomères fournissent dans les mêmes conditions des produits diastéréoisomères. La réaction d'hydrogénation est donc diastéréospécifique. La stéréochimie de l'addition est syn.

Catalyse hétérogène
L'hydrogénation catalytique utilisant un métal de transition a été découverte en 1912. Sabatier utilisait du nickel Ni préparé par réduction de NiO par le dihydrogène.

Le Ni de Sabatier est surtout utile quand on veut effectuer des hydrogénations sélectives. Des catalyseurs plus actifs sont utilisés :

Mécanisme et cinétique
Le caractère syn de l'addition peut être interprété grâce au modèle suivant dans lequel les réactifs adsorbés à la surface du catalyseur sont dans une disposition géométrique favorable pour la réaction d'addition.

Le mécanisme précédent explique l'influence sur la vitesse de réaction du nombre et de la position des substituants autour de la double liaison. 

On peut mettre à profit les différences de vitesse d'hydrogénation pour réaliser des hydrogénations sélectives. Dans l'exemple ci-dessous, l'hydrogénation de la double liaison la plus accessible du limonène est réalisée sélectivement sous contrôle cinétique :

Catalyse homogène
L'hydrogénation peut aussi être réalisée en milieu homogène en utilisant un catalyseur soluble comme le catalyseur de Wilkinson.

Catalyseur de Wilkinson


L'image de gauche représente un modèle compact de [RhCl(PPh3)3]. Ce composé  a été découvert en 1965. On l'obtient par réaction entre la triphénylphosphine et le trichlorure de rhodium dans l'éthanol.

C'est un catalyseur chimiosélectif particulièrement efficace permettant l'hydrogénation en phase homogène des doubles liaisons éthyléniques. Notons que le rhodium est l'un des éléments les plus rares sur la planète.

Halogénation

Résultats expérimentaux
L'une des premières synthèse industrielle du dichloroéthane consistait en une réaction d'addition entre l'éthène et le dichlore.

On lui préfère actuellement le procédé d'oxychloration dans lequel l'élément chlore est apporté par le mélange O2 / HCl.

Les composés éthyléniques additionnent facilement Cl2 et Br2 pour conduire à des dérivés dihalogénés vicinaux. F2 très oxydant détruit la molécule. Avec I2 peu réactif, la réaction conduit à un équilibre défavorable au produit. La réaction s'effectue par union directe dans les conditions normales de température et de pression. Les solvants utilisés sont CH2Cl2, CHCl3, CCl4, AcOH.

Test analytique des doubles liaisons éthyléniques
La réaction de bromation peut être utilisée comme test des doubles liaisons éthyléniques. Sur la photographie I l'erlenmeyer contient une solution de dibrome Br2 dans CCl4 (on observe les vapeurs de Br2 qui s'échappent de la solution). L'ajout de quelques gouttes d'hex-1-ène provoque une décoloration rapide de la solution (photos II et III).

gants+hotte

gants+hotte

gants+hotte

I

II

III

Stéréochimie
L'addition de Br2 sur le (E)-3,4-diméthylhex-3-ène fournit quasi exclusivement le (3R,4S)-dibromo-3,4-diméthylhexane. Puisqu'on obtient un seul stéréoisomère parmi plusieurs pouvant se former a priori, la réaction de bromation est fortement diastéréosélective.

Dans les mêmes conditions, la réaction effectuée sur le (E)-3,4-diméthylhex-3-ène, fournit essentiellement le mélange des énantiomères de configuration absolue (3R, 4R) et (3S, 4S)

La réaction de bromation est par conséquent diastéréospécifique de stéréochimie anti.

Mécanisme
Il s'agit d'un mécanisme par stades :

Ce mécanisme rend compte de la stéréospécificité anti de la réaction.

Ions bromonium
Les ions bromonium sont des intermédiaires très réactifs qui ne sont généralement pas isolés.

Ion bromonium

L'intervention d'ions bromonium dans les réactions de bromation a pu, dans certains cas, être démontrée de façon directe.

 

La bromation des liaisons éthyléniques peut parfois être moyennement stéréosélective lorsqu'un carbocation est en équilibre avec l'ion bromonium. Protection des doubles liaisons éthyléniques
L'oxydation du
cholestérol en milieu acide, pose le problème de l'isomérisation de la cholest-5-ène-3-one en cholest-4-ène-3-one, une cétone conjuguée plus stable. Une solution consiste à bloquer la double liaison éthylénique.

Addition des hydracides

Résultats expérimentaux
La réaction entre HBr dissous dans l'acide éthanoïque et le méthylpropène à 20 °C donne essentiellement du 2-bromo-2-méthypropane (1) et seulement des traces de 1-bromo-2-méthylpropane (2).

La réaction est donc une addition fortement régiosélective.

Mécanisme
Il s'agit d'un mécanisme par stades :

Remarque : une addition anti de HBr est parfois observée. Elle s'interprète par la formation d'un complexe entre le composé éthylénique et l'hydracide.

Hydratation

Résultats expérimentaux
L'addition d'eau sur un composé éthylénique s'appelle hydratation. Elle conduit à la formation d'un alcool. Avec les alcènes substitués qui forment facilement des carbocations, il suffit d'utiliser un acide dilué. L'ion H+ est alors un catalyseur de la réaction :

Avec les alcènes moins réactifs, on utilise de l'acide sulfurique concentré. Il y a formation d'un sulfate d'alkyle intermédiaire.

Le sulfate d'alkyle est ensuite hydrolysé par l'eau.

Lorsque le substrat éthylénique est dissymétrique. La réaction est fortement régiosélective.

Mécanisme
Il ressemble beaucoup à celui décrit pour l'addition de HBr. Il s'agit d'un mécanisme par stades. On peut regarder cette réaction comme la réaction inverse de la déshydratation des alcools.

Règle de Markovnikov

Enoncé historique
Cette règle a été énoncée en 1868. Il s'agissait à l'origine d'une règle empirique qui concernait l'addition des hydracides halogénés sur les alcènes dissymétriques. Markovnikov avait reconnu le caractère très régiosélectif de cette addition. La règle permet de prévoir l'atome de carbone sur lequel se fixe l'hydrogène de l'hydracide :

Lors de l'addition d'un hydracide sur un alcène dissymétrique l'atome d'hydrogène se fixe sur l'atome de carbone le moins substitué.

Exemple:

Généralisation de la règle de Markovnikov
L'expérience montre que de nombreuses additions de réactifs dissymétriques s'effectuent sous contrôle cinétique par un mécanisme ionique impliquant un carbocation ou un ion positif ponté. La règle de Markovnikov peut être généralisée :

Lors de l'addition d'un réactif Ad -- Hd+ sur un composé éthylénique dissymétrique, Ad - se fixe préférentiellement sur l'atome de carbone qui stabilise le mieux une charge positive.

Lorsque le composé éthylénique est un alcène, l'atome de carbone qui stabilise le mieux une charge positive est celui qui est substitué par le plus grand nombre de groupes alkyles. Pour des alcènes fonctionnalisés, la situation est plus délicate et il faut examiner chaque cas.

Hydroboration

Résultats expérimentaux
Le monoborane BH3 est un composé déficient en électrons par rapport à l'octet. A la température ordinaire, il se dimérise pour conduire au diborane B2H6. Mais en présence de THF meilleure base de Lewis que H, il y a formation d'un complexe entre le monoborane et l'éther.

L'entité réactive est le monoborane BH3 qui résulte de la faible dissociation du complexe.
La réaction est régiosélective. Le bore se fixe sur l'atome de carbone le moins substitué de la double liaison.

La réaction conduit au remplacement des trois atomes d'hydrogène et l'on obtient finalement un trialkylborane.
Sur le plan stéréochimique, on constate que l'addition est stéréospécifique de stéréochimie syn.

Mécanisme de l'hydroboration
Il s'agit d'une cycloaddition entre une liaison bore-hydrogène et une liaison carbone-carbone. Le bore se fixe de façon régiosélective sur l'atome de carbone le moins substitué. La raison principale de cette régiosélectivité semble être d'origine stérique. Elle fait sans doute aussi intervenir des facteurs électriques. On remarquera à cet égard que le bore est moins électronégatif que l'hydrogène. Le schéma simplifié est le suivant :

Ce mécanisme permet d'interpréter la stéréospécificité syn de l'addition.

Additions radicalaires

Résultats expérimentaux
En étudiant l'addition de bromure d'hydrogène sous rayonnement ultraviolet le chimiste américain d'origine russe Kharasch a mis en évidence une addition de régiosélectivité inverse de celle observée pour l'addition ionique. L'orientation de l'addition est pour cette raison qualifiée d'anti-Markovnikov.

Mécanisme
Le mécanisme de cette réaction a été élucidé par Kharasch et Mayo en 1930. Il s'agit d'une réaction en chaîne.

Régiosélectivité
La régiosélectivité s'interprète par un contrôle cinétique de la réaction. L'étape cinétiquement déterminante est la formation du radical le plus stable.
Seul le bromure d'hydrogène est capable de réagir avec les composés éthyléniques selon ce mécanisme.

Hydroformylation

Résultats expérimentaux ou procédé oxo
L'hydroformylation est une réaction industrielle découverte en 1938. Il permet l'insertion d'oxygène dans une chaîne carbonée. Le bilan est le suivant :

La réduction par le dihydrogène des aldéhydes formés permet la synthèse d'alcools. On prépare ainsi des alcools à longue chaîne qui entrent dans la fabrication des plastifiants et des détergents.

Epoxydation

Préparation des époxydes
La réaction entre un peroxyacide et un composé éthylénique conduit à la formation d'un époxyde. L'acide métachloroperoxybenzoïque m-CPBA a été longtemps le réactif de peroxydation le plus utilisé. A partir du (Z)-but-2-ène comme substrat, on obtient le (cis)-2,3-diméthyloxacyclopropane :

Réalisée à partir du diastéréoisomère de stéréochimie E, la réaction conduit à un mélange racémique d'époxydes énantiomères.

La réaction est stéréospécifique de stéréochimie syn.

MCPBA


L'acide métachloroperoxybenzoïque m-CPBA fut très utilisé comme réactif permettant l'époxydation des doubles liaisons éthyléniques. Comme tous les composés organiques comportant une liaison peroxo fragile, il est peu stable. Ce réactif est à l'origine de plusieurs accidents. Il est le plus souvent remplacé de nos jours par le monoperoxophtalate de magnésium MMPP.

 

Les époxydes sont des éthers cycliques tendus, peu stables et particulièrement réactifs. Ils peuvent être ouverts sous l'action de nombreux réactifs ce qui en fait des intermédiaires très utilisés en synthèse organique. Les réactions d'ouverture des époxydes sont fréquemment mises à profit. L'ouverture nucléophile en milieu basique est celle dont la régiosélectivité est la plus facile à prévoir. L'ouverture est aussi réalisable en milieu acide.
L'oxacyclopropane ou oxyde d'éthylène est obtenu dans l'industrie par réaction entre l'éthène, le dioxygène de l'air avec l'argent comme catalyseur (10 bar < P < 20 bar, T # 150 °C). C'est un intermédiaire important de la chimie industrielle. Il permet notamment la préparation de l'éthane-1,2-diol (éthylène glycol) utilisé dans la préparation des polyesters.

Dihydroxylation

Utilisation du permanganate de potassium
La réaction s'effectue avec une solution de permanganate diluée, en milieu neutre à une température voisine de 0 °C. Un ester permanganique se forme intermédiairement. Des expériences utilisant de l'oxygène 18 ont montré que l'addition s'effectue avec une stéréochimie syn. L'hydrolyse de cet ester fournit le diol cis.

Gants + hotte


L'oxydation d'un composé éthylénique en diol par le permanganate de potassium doit être réalisée avec une solution diluée, en milieu neutre dans un bain de glace. A température plus élevée, l'oxydation provoque une rupture de la chaîne carbonée et conduit à la formation de composés carbonylés. Les aldéhydes éventuels sont oxydés en acides carboxyliques

Utilisation du tétraoxyde d'osmium
A cause de son coût très élevé et de son caractère toxique, le tétraoxyde d'osmium est utilisé en quantité catalytique en présence de peroxyde d'hydrogène H2O2.

Ozonation, ozonolyse

Résultats expérimentaux
La réaction entre l'ozone et un composé éthylénique s'appelle ozonation. Elle est réalisée à basse température et fournit un ozonide.

Ozone

Le chimiste allemand C. F. Shönbein découvrit l' ozone O3 en 1839. C'est un allotrope du dioxygène. L'ozone est présent à l'état naturel dans la haute atmosphère de la terre. Au laboratoire on le prépare en faisant traverser le dioxygène O2 par une effluve électrique dans un ozoniseur. A la température ordinaire l'ozone est un gaz de couleur bleue possédant une odeur piquante qui lui a valu son nom. L'ozone se liquéfie à -112 °C pour donner un liquide bleu explosif.
Conformément au prévisions de la méthode VSEPR, la molécule d'ozone a la forme d'un V avec un angle entre les liaisons de 116,8°.

Il n'est pas possible de décrire la molécule d'ozone par une formule de Lewis unique. On peut rendre compte de sa structure en utilisant les formes mésomères suivantes :

La troisième formule limite est appelée : forme dipolaire 1-3. Elle rend compte notamment de la réaction entre l'ozone et les composés éthyléniques.

Mécanisme
La réaction entre O3 et la double liaison éthylénique est une réaction péricyclique. Elle conduit dans un premier temps à un intermédiaire particulièrement instable : le molozonide M. Ce dernier se fragmente spontanément pour conduire à l'ozonide O. Le schéma simplifié est le suivant :

Les ozonides sont rarement isolés du milieu réactionnel mais sont mis à réagir in situ avec le réactif souhaité. Les ozonides sont des composés explosifs en raison de la fragilité de la liaison peroxo. La réaction doit être réalisée à basse température.

Ozonolyse
L'une des principales réactions des ozonides est leur coupure en composés carbonylés. L'hydrolyse en milieu non réducteur fournit du peroxyde d'hydrogène comme sous-produit qui oxyde les aldéhydes éventuellement formés en acides carboxyliques ;

Recherche de structure
Depuis sa découverte , la réaction a été largement utilisée pour localiser la position des doubles éthyléniques dans les molécules organiques.
Supposons que l'ozonolyse d'un alcène fournisse uniquement de la butanone et du méthanal. On en déduit la structure de cet alcène :

Réalisée sur les produits d'élimination de la réaction d'Hoffman d'ions ammonium quaternaires, elle a permis d'élucider la structure de nombreux alcaloïdes a une époque ou l'on ne disposait pas des méthodes spectrales.

Utilisation en synthèse
L'ozonolyse est aussi utilisée pour préparer des composés carbonylés ou dicarbonylés. La réaction suivante est une étape de la synthèse d'une phéromone d'insecte. Le composé dicarbonylé est obtenu par coupure du méthylcycloheptène.

Oxydation en aldéhyde

Procédé Wacker
L'oxydation de l'éthylène par le dioxygène de l'air permet la préparation industrielle
de l'éthanal. Le procédé, mis au point en 1953 porte le nom de procédé Wacker. La réaction fait intervenir un cycle catalytique complexe. Les principales étapes sont les suivantes :